Son emotion a l’Assemblee quand des deputes l’injuriaient lors une loi dans l’IVG en 1974. Mais aussi votre silhouette si fragile qui lui ressemblait si peu, la, debout, immobile, entrainee avec son mari, le regard devore par la maladie. Elle est la, Afin de saluer nos manifestants qui defilaient contre le Mariage pour l’ensemble de : votre pantalon l’une de ses dernieres sorties publiques. Simone Veil, ce sont des mots, aussi, qu’elle nous tenait en 1995, depuis plus de vingt ans : alors ministre des Affaires sociales du gouvernement Balladur ; elle etait en voyage officiel a Beyrouth. «Vous connaissez, malgre 1 destin ardu, j’habite, je demeure toujours optimiste. Le quotidien a appris qu’avec le temps, le progres l’emporte i chaque fois. C’est long, c’est lent, mais en definitive, je fais confiance.» Propos apparemment banals, propos qui pourraient paraitre naifs s’ils venaient de quelqu’un d’autre. Simone Veil reste ainsi. Par un curieux hasard du calendrier, Simone Veil s’etait trouvee quelques temps plus tot a Auschwitz ou elle dirigeait la delegation francaise a toutes les ceremonies de commemoration de la liberation du camp. Un camp ou elle-meme fut deportee. «Aujourd’hui, nous disait-elle, je ne suis nullement emue. Cela n’y a plus la boue, il n’y a plus le froid. Cela n’y a plus surtout cette odeur. Le camp, c’etait une odeur, bien le temps.»
Ce 26 janvier 1995, il faisait froid, 1 vent glacial. Au bas du camp de Birkenau, beaucoup de monde. Une quarantaine de delegations etrangeres. Simone Veil avait commande le bras de son fils qui l’accompagnait a toutes les ceremonies. Et l’ensemble des deux s’etaient diriges par un des baraquements, marron et gris. Elle y est restee des minutes. «C’est celui-la le baraquement ou j’etais, nous dira-t-elle legerement apri?s. J’en suis sure, avec ma s?ur et ma mere, franchement en bas du crematoire. A l’interieur, ca n’a pas change ; des deux endroits Afin de la kapo et la sous-kapo. Un poele. Et puis au fond, tout du long, les couches de bois ou on dormait, entassees. Je voulais les lui montrer.» Elle a ajoute : «Pendant toute la ceremonie de commemoration, il y avait quelque chose qui m’intriguait. J’ai eu, toute la matinee, comme tout un chacun, un tantinet froid aux pieds, alors qu’il ne faisait pourtant nullement tres froid. Et J’me demandais De quelle fai§on on avait pu resister a tant de froid. Jusqu’a -30°… Je n’arrive pas a me souvenir comment on faisait. On n’avait rien. Est-ce qu’on se mettait du papier dans le corps ? Ou bien des vieux sacs de platre ? Pendant toute la ceremonie, j’essayais de m’en souvenir, ainsi, je n’arrivais pas.»
Simone Veil reste au present, forcement. Femme exceptionnelle, adoree Plusieurs Francais, a l’image si pure.
Simone Veil la deportee, Simone Veil la combattante de l’IVG, Simone Veil l’Europeenne. Toujours la aussi. Un roc. Elle disait i nouveau : «Je crois, i chaque fois, que cela sert a quelque chose de se battre. Et quoi qu’on dise, l’humanite, tout i l’heure, est plus supportable qu’hier.» Et ajoutant : «On me reproche d’etre autoritaire. Mais les regrets que j’ai, c’est de ne pas m’etre battu assez sur tel ou tel sujet.»
En fevrier 1987, a Paris. Photo Micheline Pelletier. Gamma
L’enfance et J’ai deportation
Sa life ? C’est celle de la famille du siecle soir. Une famille, car on ne peut saisir le saisissant parcours de cette cousine hors pair, si on laisse de cote sa maman, le enfance heureuse, votre vie forte et belle. Sa mere Yvonne qui ressemblait «a Greta Garbo», «une femme qu’est ce que sugardaddie exceptionnelle». Son pere, Andre Jacob, est un brillant architecte, prix de Rome. C’est une famille bourgeoise, intuitive. Ils vivent l’ensemble de a Nice. En 1924, le pere a choisi de s’installer sur la Mediterranee, convaincu que le marche immobilier lui offrirait environ perspectives. Et sa femme a beau adorer Paris, elle l’a suivi. Simone Veil devoile garder 1 souvenir «delicieux» de sa toute enfance. «Je suis nombre moins douce, nombre moins conciliante, bon nombre moins facile que maman», precisait-elle. «Maman n’a jamais travaille, sous J’ai pression de mon pere et malgre des etudes de chimie qui la passionnaient. Elle ne pensait pas a elle, abandonnant l’idee d’une vie personnelle pour bien apporter a ses bambins, a le mari.» Quatre bambins en l’espace de cinq ans. Simone, est sa derniere, la plus jeune, la plus insoumise. Et l’ainee Madeleine, quatre annees Sans compter que, a i chaque fois eu Afin de mission de remplacer sa mere quand celle-ci n’etait gui?re la. Simone est une enfant, rebelle, aimante, heureuse tel bien. «Un jour j’ai reclame a mon pere si cela l’ennuyait si j’epousais un non juif, il m’avait dit que j’epouserais qui j’ai envie.» Elle aimait ce pere, qui etait aussi autoritaire. «Je n’aimais gui?re l’idee qu’il impose ses gouts a maman, ce sentiment de dependance i§a m’exasperait !»